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Maladies sans vaccin : ce que les voyageurs doivent savoir

Voyager à l’étranger expose les individus à divers risques sanitaires, notamment des maladies infectieuses pour lesquelles il n’existe pas de vaccin préventif. Une préparation adéquate et des mesures de prévention sont essentielles pour minimiser ces risques.​

Certaines maladies infectieuses présentes dans les zones tropicales et subtropicales du monde ne disposent pas encore de vaccin. Ce guide présente, pour chaque maladie, un portrait médical fondé sur les données probantes (OMS, CDC, Santé Canada, INSPQ), utile aux voyageurs, professionnels de santé et cliniciens.

Choléra

En bref

Le choléra est une infection aiguë diarrhéique causée par Vibrio cholerae, généralement contractée par ingestion d’eau ou de nourriture contaminée.

Symptômes

Diarrhée aqueuse profuse (en ‘eau de riz’), vomissements, crampes musculaires, déshydratation sévère pouvant entraîner la mort en quelques heures.

Localisation

Haïti, Yémen, Afrique subsaharienne, Asie du Sud-Est. Touchant les zones à infrastructure sanitaire déficiente, souvent après des catastrophes naturelles.

Bilan

Plus de 1,3 à 4 millions de cas par an selon l’OMS, avec environ 21 000 à 143 000 décès.

Traitement

  • Réhydratation orale ou intraveineuse, antibiotiques dans les cas graves. 
  • Zinc recommandé chez les enfants sous surveillance médicale.

Prévention

  • Eau potable, hygiène des mains, nourriture bien cuite. 
  • Vaccin oral possible dans certains cas (mais non systématiquement recommandé).

Retour + Défis

  • Surveillance d’une diarrhée aiguë au retour. 
  • Défis : résurgence post-catastrophes, accès à l’eau potable, couverture vaccinale insuffisante.

Dengue

En bref

La dengue est une infection virale aiguë causée par le virus de la dengue (4 sérotypes), transmise par les moustiques Aedes (notamment Aedes aegypti).

Symptômes

  • Fièvre élevée, maux de tête sévères, douleurs articulaires et musculaires (‘fièvre casse-os’), éruption cutanée, nausées. 
  • Forme grave : dengue hémorragique ou syndrome de choc dengue avec saignements, hypotension, défaillance d’organes.

Localisation

Zones tropicales et subtropicales : Amérique centrale, Caraïbes, Asie du Sud-Est, Afrique, Pacifique.

Bilan

Environ 390 millions d’infections chaque année, dont 96 millions symptomatiques (OMS). La dengue grave est en augmentation dans de nombreuses régions.

Traitement

  • Pas de traitement antiviral spécifique. 
  • Prise en charge symptomatique, réhydratation, antipyrétiques (éviter l’aspirine et les AINS).

Prévention

  • Protection contre les moustiques : répulsifs, vêtements longs, moustiquaires, élimination des eaux stagnantes. 
  • Un vaccin (Dengvaxia®) est réservé aux personnes déjà exposées dans certaines zones à forte endémicité.

Au retour de voyage + Défis

  • Surveillance d’une fièvre aiguë, douleurs musculaires, signes hémorragiques.
  • Défis : co-circulation avec Zika et chikungunya, absence de traitement curatif, couverture vaccinale limitée.

Ebola

En bref

Maladie virale hémorragique grave causée par des virus du genre Ebolavirus. Hautement mortelle, elle est transmise par contact direct avec des fluides corporels infectés.

Symptômes

  • Fièvre, fatigue, douleurs musculaires, vomissements, diarrhée, hémorragies internes et externes. 
  • Peut entraîner un choc et la mort en quelques jours.

Localisation

Afrique centrale et de l’Ouest : République démocratique du Congo, Guinée, Sierra Leone, Liberia.

Bilan

Taux de létalité moyen autour de 50 %. Certaines épidémies ont dépassé les 11 000 morts (ex. 2014-2016 en Afrique de l’Ouest).

Traitement

  • Prise en charge en soins intensifs : hydratation, électrolytes, oxygénothérapie, traitements antiviraux d’usage compassionnel dans certains cas (ex. Inmazeb®, Ebanga®).

Prévention

  • Mesures strictes de contrôle des infections, isolement des cas, équipements de protection individuelle. 
  • Un vaccin (Ervebo®) est disponible pour certaines populations à risque mais n’est pas accessible à tous les voyageurs.

Au retour de voyage + Défis

  • Toute fièvre au retour d’une zone touchée nécessite une évaluation urgente. 
  • Défis : accès au vaccin, stigmas sociaux, réponse rapide aux épidémies.

Hépatite E

En bref

L’hépatite E est une infection virale du foie causée par le virus HEV, généralement transmise par ingestion d’eau ou de nourriture contaminée.

Symptômes

Fatigue, nausées, douleurs abdominales, jaunisse, fièvre modérée. Chez les femmes enceintes, elle peut évoluer vers une hépatite fulminante, avec un taux de mortalité élevé.

Localisation

Asie, Afrique, Moyen-Orient, Amérique latine. Endémique dans les régions où l’accès à l’eau potable est limité.

Bilan

Estimation mondiale : 20 millions d’infections par an, avec 3,3 millions de cas symptomatiques. Environ 44 000 décès en 2015 selon l’OMS.

Traitement

  • Pas de traitement antiviral spécifique.
  • Repos, hydratation, surveillance hépatique. 
  • Chez les immunodéprimés : ribavirine parfois utilisée hors AMM.

Prévention

Hygiène alimentaire rigoureuse, eau traitée ou bouillie, éviter les fruits de mer crus. Un vaccin (HEV 239) est homologué en Chine, mais non disponible ailleurs.

Au retour de voyage + Défis

  • Surveillance hépatique en cas de fatigue, ictère ou nausées prolongées. 
  • Défi : manque d’accès à un vaccin globalement reconnu et absence de traitement curatif ciblé.

Paludisme (Malaria)

En bref

Le paludisme est une maladie parasitaire potentiellement mortelle causée par des protozoaires du genre Plasmodium (5 espèces). 

La transmission se fait par la piqûre de moustiques femelles du genre Anopheles.

Symptômes

  • Fièvre, frissons, sueurs, maux de tête, vomissements. 
  • Formes graves : anémie sévère, atteinte cérébrale (paludisme cérébral), détresse respiratoire, coma.

Localisation

Afrique subsaharienne, Asie du Sud, Amérique latine, certains foyers en Océanie et au Moyen-Orient.

Bilan

Environ 247 millions de cas et 619 000 décès en 2021 (OMS). Les enfants de moins de 5 ans représentent 80 % des décès en Afrique.

Traitement

  • Traitement curatif basé sur des associations à base d’artémisinine (ACT). 
  • La chloroquine est parfois utilisée, selon la souche. 
  • Le traitement doit être débuté rapidement pour éviter les complications graves.

Prévention

  • Chimioprophylaxie (ex. Malarone®, doxycycline), moustiquaires imprégnées d’insecticide, vêtements couvrants, répulsifs. 
  • Le vaccin RTS,S est partiellement efficace et utilisé dans certains programmes pilotes en Afrique.

Au retour de voyage + Défis

  • Consulter rapidement en cas de fièvre au retour d’une zone endémique. 
  • Défis : résistance aux antipaludiques, accès limité aux traitements dans les régions pauvres.

Schistosomiase

En bref

Maladie parasitaire chronique causée par des vers plats du genre Schistosoma. Transmise par contact avec de l’eau douce contaminée contenant des larves libérées par des escargots.

Symptômes

  • Démangeaisons, éruption cutanée (dermatite du nageur), douleurs abdominales, diarrhée sanglante, hématurie. 
  • Formes chroniques : fibrose hépatique, atteinte rénale, troubles urogénitaux.

Localisation

Afrique subsaharienne (95 % des cas), Asie du Sud-Est, Amérique du Sud (Brésil), Moyen-Orient.

Bilan

Plus de 250 millions de personnes infectées dans le monde, principalement en Afrique. Provoque une morbidité importante dans les zones rurales pauvres.

Traitement

  • Praziquantel en dose unique ou répétée selon l’espèce. 
  • Efficace contre les vers adultes mais ne prévient pas les réinfections.

Prévention

Éviter de se baigner dans l’eau douce non traitée en zones endémiques. Accès à l’eau potable, traitement des eaux usées, lutte contre les escargots vecteurs.

Au retour de voyage + Défis

  • Surveiller l’apparition de symptômes gastro-intestinaux ou urinaires. 
  • Défis : absence de vaccin, faible accès au traitement dans les zones endémiques, réinfections fréquentes.

Zika

En bref

Le virus Zika est un flavivirus transmis principalement par les moustiques Aedes. Bien que souvent bénin, il est associé à de graves complications neurologiques, notamment le syndrome de Guillain-Barré et la microcéphalie chez les nouveau-nés.

Symptômes

Fièvre, éruptions cutanées, douleurs articulaires, conjonctivite. Dans de rares cas : complications neurologiques, paralysies, malformations congénitales chez les fœtus exposés.

Localisation

Amérique du Sud et Centrale, Caraïbes, Asie du Sud-Est, Afrique, Pacifique. Le virus circule activement en zones tropicales humides.

Bilan

Des milliers de cas depuis 2015 avec une émergence marquée au Brésil. Les femmes enceintes sont particulièrement à risque de complications graves.

Traitement

Aucun traitement antiviral spécifique. Prise en charge symptomatique : repos, hydratation, antipyrétiques.

Prévention

  • Éviter les piqûres de moustiques : répulsifs, vêtements longs, moustiquaires. 
  • Éviter les grossesses durant ou juste après un séjour en zone à risque.

Retour + Défis

  • Surveiller l’apparition de fièvre, douleurs articulaires, éruption. 
  • Défi : prévention de la transmission sexuelle et vectorielle; absence de vaccin.

Que surveiller après le retour de voyage ?

Après un séjour dans une région tropicale ou à risque, il est important de rester vigilant, même si le voyage s’est déroulé sans incident apparent. Certaines maladies infectieuses ont une période d’incubation longue ou évoluent lentement. Voici ce qu’il faut savoir :

 Symptômes à surveiller

  • Fièvre persistante ou soudaine (surtout dans les 3 mois suivant le retour)
  • Fatigue inhabituelle ou prolongée
  • Troubles digestifs : diarrhée chronique, douleurs abdominales, nausées
  • Toux persistante ou essoufflement
  • Éruptions cutanées inexpliquées
  • Démangeaisons ou lésions cutanées qui ne guérissent pas
  •  Jaunisse (peau ou yeux jaunes)
  • Douleurs musculaires ou articulaires inexpliquées
  • Saignements inhabituels ou ecchymoses spontanées
  • Douleurs thoraciques ou palpitations

Pendant combien de temps peut-on relier un symptôme à un voyage ?

La majorité des maladies tropicales se déclarent dans les 4 à 12 semaines après le retour, mais certaines peuvent se manifester plusieurs mois voire années plus tard, comme la maladie de Chagas, certaines leishmanioses, la tuberculose, ou des parasitoses chroniques.

Informez toujours votre professionnel de la santé de vos destinations de voyage des 12 derniers mois (ou plus, si exposition prolongée).

Que faire si vous développez des symptômes ?

  1. Ne pas ignorer les signes : même une fièvre légère peut être le signe d’une infection grave comme le paludisme.
  2. Consulter un médecin dès que possible, idéalement dans une clinique spécialisée en maladies infectieuses ou santé-voyage.
  3. Mentionner explicitement votre voyage récent, les activités à risque, l’alimentation, et les piqûres d’insectes potentielles.
  4. Évitez l’automédication sans avis médical, surtout les anti-inflammatoires ou antibiotiques.
  5. Apportez votre carnet de vaccination et, si disponible, vos notes de consultation pré-voyage.

Liste de vérification santé tropicale avant le voyage (hors vaccination)

Voici une liste complète de précautions recommandées par les experts en santé tropicale et en médecine du voyage, pour prévenir les maladies infectieuses, parasitaires et environnementales en dehors de la vaccination.

  • Consulter une clinique santé-voyage au moins 4 à 6 semaines avant le départ pour évaluation personnalisée.
  • Vérifier la disponibilité d’eau potable à destination — prévoir des pastilles ou filtres de purification si nécessaire.
  • Apporter un répulsif contenant au moins 20-30 % de DEET ou 20 % d’icaridine pour les moustiques.
  • Prévoir des moustiquaires imprégnées si vous dormez à l’extérieur ou dans des zones rurales.
  • Porter des vêtements longs, amples et clairs le soir et au lever/coucher du soleil.
  • Utiliser des chaussures fermées et éviter de marcher pieds nus (risque de parasites cutanés).
  • Préférer l’eau en bouteille scellée ou bouillie pour boire, se brosser les dents, laver fruits/légumes.
  • Éviter les glaçons, les fruits de mer crus, les aliments vendus dans la rue sans hygiène visible.
  • Se laver les mains régulièrement, surtout avant de manger et après les toilettes (prévoir gel désinfectant).
  •  Prévoir une trousse médicale avec : antidiarrhéique, antipyrétique, antihistaminique, pansements, antiseptique, électrolytes, antibiotique de secours (prescrit).
  • Se protéger contre les morsures d’animaux — ne pas nourrir, ni toucher les animaux errants.
  • Prévoir une assurance voyage incluant un rapatriement sanitaire.
  • S’informer sur les risques environnementaux : chaleur extrême, haute altitude, mers à risque (ex. : méduses, parasites), etc.
  • Respecter les règles culturelles locales pour éviter les conflits et comportements à risque (ex. : bains publics, tenues vestimentaires, voyage solitaire, etc.).
  • Apporter une copie papier et numérique de ses documents médicaux importants (ordonnances, carnets de vaccination, allergies).

Références

– Organisation mondiale de la santé (OMS) – https://www.who.int/fr

– Centers for Disease Control and Prevention (CDC) – https://www.cdc.gov

– Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) – https://www.inspq.qc.ca

– Santé Canada – https://www.canada.ca/fr/sante-publique.html

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